Le 12 janvier 2010 à 16 h 53, heure locale, un séisme de magnitude 7,3 s’abat sur Port-au-Prince. En l’espace de quelques secondes, la capitale haïtienne est dévastée.
La plupart des gens de Port-au-Prince ont dormi, cette nuit-là, à la belle étoile. Les nuits précédentes étaient assez froides. Celle-là est chaude et étoilée. Je n’avais pas dormi à la belle étoile depuis mon enfance.
Couchés sur le sol, nous ressentons chaque tressaillement de la terre au plus profond de notre être. On fait corps avec la terre. Je pissais dans les bois quand mes jambes se sont mises à trembler. L’impression que c’est la terre qui tremblait. Je me promène, un moment dans le jardin, tout étonné de constater que les fleurs les plus fragiles se balancent encore au bout de leur tige. Le séisme s’est donc attaqué au dur, au solide, à tout ce qui pouvait lui résister. Le béton est tombé. La fleur a survécu.
Dany Laferrière, Tout bouge autour de moi